Réduire le coût du biométhane est aussi une question de méthode
- 3
- 0
GRDF lance un nouvel appel à projets pour réduire les coûts de production du biométhane. L’objectif est de gagner en efficience grâce à la démarche « Design to value ». Date limite pour y participer : le 15 novembre. François Boniface, chargé de missions R&D à la Direction Biométhane, en détaille les enjeux.
Dans quelle intention cet appel à projets « Design to value » est-il lancé par GRDF ?
Notre but est d’impulser un mouvement d’adoption de cette démarche. Le design to value est une méthodologie d’optimisation de la valeur qui consiste à rechercher notamment les possibilités de réduction des coûts. Elle est très répandue dans d’autres industries plus matures et nous l’avons aussi utilisée à GRDF sur nos postes d’injection. Elle produit des résultats très significatifs, et souvent assez rapidement.
Alors que les tarifs d’achat du biométhane sont amenés à baisser, GRDF souhaite ainsi favoriser la réduction des coûts de production : ce sera nécessaire pour parvenir à notre objectif de distribuer 10 % de gaz renouvelable en 2030.
Cette maîtrise des coûts peut être apportée par des innovations de rupture. Mais des méthodes de travail plus professionnelles et une plus grande maturité de la filière peuvent aussi y contribuer.
En quoi consiste cette méthodologie « design to value » ?
Après avoir déterminé sur quelles activités, quels produits on va se focaliser, le principe est d’analyser la structure de coût, les fonctions du produit et les besoins réels du client, de façon à trouver les leviers d’amélioration de la production. Par exemple, on peut se rendre compte qu’on a mal dimensionné le produit et que certaines de ses fonctions ne sont pas utiles au client. Ou que certains procédés de fabrication peuvent être simplifiés, etc. Une phase d’idéation va ensuite permettre de rechercher toutes les solutions possibles d’amélioration, puis d’élaborer des scénarios d’actions à mener pour optimiser la production.
Dans la filière méthanisation, à quels maillons de la chaîne ces méthodes peuvent-elles s’appliquer ?
Elles peuvent s’appliquer à tous les niveaux.
On pense évidemment aux équipementiers, car il est courant dans l’industrie de les utiliser sur des chaînes de production.
Mais cette approche peut être profitable aussi bien à d’autres acteurs comme les bureaux d’études qui assistent les maîtres d’ouvrage ayant un projet de méthanisation, les exploitants, qui peuvent par de meilleures pratiques diminuer leurs coûts d’exploitation, et les constructeurs qui pourront concevoir des unités plus optimisées. Le Design to value augmentera directement les revenus de certains et permettra aux autres de gagner des clients en proposant des produits performants et bon marché.
L’appel à projet concerne donc toute la filière ?
Oui. Nous l’avons scindé en quatre catégories de postulants : les exploitants d’unités de méthanisation, qui sont souvent des agriculteurs ou des groupements d’agriculteurs ; les bureaux d’études qui les accompagnent dans leur projet ; les constructeurs et ensembliers ; enfin les équipementiers.
Les agriculteurs eux-mêmes peuvent s’impliquer dans cette démarche, même si elle peut paraître assez éloignée de leurs habitudes de travail. Cependant, ceux qui se lancent dans un projet de méthanisation sont déjà dans une démarche d’innovation, donc ils peuvent s’ouvrir à cette proposition. La seule limite est celle du temps à y consacrer, car il est important, pour un résultat optimal, que le dirigeant de la structure s’y implique. Mais celle-ci ne s’étale que sur une courte durée et dans le cas d’un groupement d’agriculteurs, il peut être plus facile de dédier une personne au projet. Nous encourageons donc les exploitants d’unités de méthanisation à s’engager aussi dans la démarche.
Quel intérêt peuvent-ils y trouver ?
Mettre en place ce type de méthodologie, si l’implication de l’entreprise est forte, peut apporter une réduction des coûts dans un ordre de grandeur de 20 à 30 %, sur une démarche qui ne dure que quelques mois. C’est loin d’être négligeable.
L’impératif étant d‘être accompagné par un cabinet spécialisé dans les méthodes design to value, la participation à l’appel à projets peut aider à franchir le pas : les lauréats recevront une aide financière à la rémunération du cabinet partenaire.
Chacune des quatre catégories aura ses lauréats ?
Nous avons prévu de distinguer trois lauréats dans chaque catégorie. Et nous nous réservons la possibilité d’un coup de cœur supplémentaire si le nombre et la qualité des projets nous y invitent.
Sur quels critères ces lauréats seront-ils choisis ?
Un critère important portera sur la motivation et l’implication de l’équipe dans la démarche, car c’est une réelle condition de réussite de la méthodologie.
L’ambition du projet présenté sera également évaluée : plus la démarche est étendue, plus on parvient à des gains importants. Les objectifs de réduction de coûts devront être chiffrés et ils traduiront la motivation à s’engager pleinement dans ces nouvelles postures de travail.
Quand il sera pertinent, l’impact environnemental sera également pris en compte.
Pourquoi cet appel à projets est-il lancé maintenant ?
Il arrive dans la continuité d’une démarche engagée plus largement, au niveau du groupe de travail biogaz du comité stratégique de filière Nouveaux Systèmes Energétiques, une émanation du Conseil national de l’industrie. Ce groupe de travail a lancé une action de sensibilisation au design to value, qui est en cours. Déjà 57 personnes ont participé aux webinaires de sensibilisation et nous entamons actuellement, en complément, des sessions de formation d’une journée en présentiel.
Les personnes intéressées par l’appel à projets peuvent d’ailleurs encore s’inscrire, autant aux prochains webinaires qu’aux formations. Ce sera un plus pour mieux comprendre les enjeux de la démarche et pour répondre à l’appel à projets avec davantage de pertinence.