Appels à projets : un pas de plus dans l’innovation

Appels à projets : un pas de plus dans l’innovation

GRDF lance actuellement son deuxième appel à projets d’innovation, qui portera sur la chaîne biométhane. Philippe Métais, en charge de projets R&D et innovation pour GRDF, explique l’intérêt de cette nouvelle approche, qui bouscule les modes de travail.

GRDF s’est déjà familiarisée avec les démarches d’innovation, aussi bien en interne que tournée vers l’extérieur, en innovation ouverte ou participative... En quoi la pratique des appels à projets marque-t-elle une évolution majeure ?

Les démarches que nous avons expérimentées jusqu’à présent nous ont permis de trouver des solutions technologiques innovantes, mais elles n’impliquaient pas – ou peu – de changement de culture de notre part. Nous avons même déjà été partenaire d’appels à projet, sans en être à l’initiative. Nous avons certes commencé à apporter de petites touches de changement dans les méthodes de travail : de l’agilité, du mode projet, de l’holacratie, etc.

Mais devenir nous-mêmes les porteurs d’appels à projets implique un changement de posture de la stratégie d’innovation. Nous faisons un pas de plus vers la construction de projets partagée avec les acteurs les mieux placés pour apporter une valeur aux solutions.

 

Concrètement, qu’est-ce que cela change ?

 

D’une part, lancer un appel à projets nous met en position d’admettre que nous ne pouvons pas répondre seuls à certaines problématiques et qui plus est, de le faire savoir. 

 

Ensuite, cela nous amène à nous ouvrir à des propositions auxquelles nous n’aurions pas pensé et qui élargissent le champ des possibilités. 

 

Enfin, cela change la relation que nous pouvons avoir avec des start-ups ou des PME innovantes : nous devons nous adapter à une interaction plus poussée avec des organisations qui n’ont ni le même rythme, ni les mêmes logiques de fonctionnement et de développement que nous .

 

Vous lancez actuellement un appel à projets sur la chaîne biométhane. Mais ce n’est pas la première expérience…

 

Une première expérience a été lancée en avril dernier, sur la question d’introduire la technique de la réalité virtuelle dans des actes de maintenance. Nous aurions pu simplement acheter une solution technologique, mais nous avons préféré passer par un appel à projets, qui nous a permis un processus beaucoup plus rapide pour la recherche de solutions : lancé en avril, il a été clôturé en trois mois. En septembre nous avons commencé à travailler avec les lauréats ; aujourd’hui on teste le matériel et la phase d’expérimentation va se poursuivre sur la lancée. En 10 mois nous aurons réalisé la sélection, l’achat innovant et l’expérimentation.

 

En dehors de cette rapidité de mise en œuvre, quel bilan tirez-vous de cette première expérience ?

 

Nous avions prévu que si nous obtenions vingt propositions de projets, ce serait une réussite… Nous en avons reçu quarante-cinq. Et sur les quarante-cinq, environ trente idées avaient un vrai potentiel concret pour GRDF. C’est donc déjà une réussite. Il faut souligner aussi que même si nous avons été moteur, nous nous sommes associés à un accélérateur de start-ups, qui nous a apporté sa compétence en matière de sourcing.

 

Les projets émanaient de différents types de structures : la personne isolée avec un projet encore au stade de l’idée, les start-ups et entreprises innovantes, des projets nécessitant une phase de co-développement et y compris des grandes entreprises ou des groupes, dont Thalès, qui a finalement été sélectionné. Mais, alors que nous en avions prévu un seul, nous avons retenu un deuxième lauréat. Il s’agit d’Ama , une PME déjà installée. 

 

Dans un sens, nous étions encore un peu sur une démarche d’achat car nous avons sélectionné des projets assez aboutis, émanant d’entreprises établies : parce que le produit correspondait à ce que nous attendions mais aussi parce que nous n’avons pas l’habitude d’ évaluer la solidité d’une start-up ou d’un projet en démarrage. Les analyses de risques que nous réalisons fonctionnent très bien pour des entreprises classiques.  

 

Cela signifie que cette entrée en contact avec l’univers des start-ups s’est faite avec une certaine prudence ?

 

Nous sommes conscients que l’on doit apprendre à travailler avec des start-ups : nous devons comprendre leur rythme de développement et leur façon de travailler, ne pas risquer de les mettre en danger du fait de notre dimension imposante et de notre fonctionnement beaucoup trop institutionnel.

 

Cependant la richesse des solutions proposées nous a beaucoup apporté et nous allons continuer à surveiller certains des projets candidats. Cela nous a permis une vraie ouverture sur des solutions plus larges, auxquelles nous n’avions pas pensé, comme par exemple une solution d’assistance vocale plutôt que de réalité virtuelle.

 

De fait, lorsque nous avons fait le bilan, nous avons conclu que nous souhaitions continuer dans cette démarche.

 

Comment avez-vous franchi l’étape suivante, celle du deuxième appel à projets ?

 

En écho des problématiques stratégiques de GRDF, notre équipe Innovation répond avec une méthode qui embarque systématiquement les métiers de l’entreprise : ps de porteur interne, pas de démarche innovante. Nous avons pensé qu’il serait opportun d’aller sur le sujet du projet stratégique de GRDF : les gaz renouvelables. Nous avons donc sollicité la Direction Biométhane, qui a identifié et formulé la problématique.

 

Par ailleurs, nous le lançons dans le cadre de la MaddyKeynote, un événement inspirant organisé chaque année par Maddyness, dont nous étions déjà partenaires l’an passé. Ils nous ont proposé de gérer notre appel à projets et nous avons saisi cette opportunité : Maddyness a une véritable aura dans le monde des start-ups ; cela renforce notre démarche dans l’Open Innovation. Ils sont aussi de très bon conseil et représentent une force de sourcing très importante. Avant même l’ouverture officielle de l’appel à projets, ils avaient déjà reçu sept candidatures ! 

 

Et donc, par rapport au premier appel à projets, vous vous sentez prêts à aller plus loin dans l’exploratoire ?

 

Nous y sommes plus ouverts et nous avons réuni les conditions pour cela. L’intérêt d’un appel à projets, c’est qu’on ne sait pas ce qu’on va recueillir ni quelle maturité auront les solutions présentées. Sur la réalité virtuelle, la technologie existait déjà, mais cette fois, nous n’avons pas du tout idée de ce qui sera proposé  : est ce que ce sera à un stade presque abouti ou à l’état de prototype ?

 

Nous savons que nous n’avons pas la capacité d’accompagner seul un projet en développement, mais nous nous sommes dit que si une idée intéressante le nécessitait, nous pourrions nous entourer d’un tiers de confiance ou d’un incubateur, pour des compétences qui nous manquent comme l’analyse d’un business model de start-up, l’évaluation du risque, etc. Cela nous laisse la possibilité de nous ouvrir à nouveau à des collaborations dans les étapes suivantes du projet, celles de l’accompagnement. (À quoi sert ce paragraphe ? Pour parler du prix qui sera un accompagnement de start up ? Si oui, le dire)

 

Finalement, l’intérêt des appels à projets est de vous rapprocher du monde des start-ups et de leur potentiel d’innovation ?

 

Exactement. Nous avions commencé à les côtoyer en étant partenaires d’appels à projets dont n’étions pas à l’initiative, donc pas toujours centrés précisément sur nos problématiques . Désormais nous les faisons venir à nous, nous nous faisons identifier et reconnaître comme un partenaire sérieux de co-développement de solutions innovantes. C’est réellement une nouvelle étape.

 

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