Contexte
La méthanisation produit deux sortes de composants :
- le biogaz, gazeux, qui sera appelé biométhane après épuration. Le biométhane peut être injecté dans les réseaux ou permettre de produire de la chaleur, de l’électricité ou du carburant pour véhicules (BioGNV)
- le digestat, issu de la méthanisation, qui est plus ou moins pâteux (comparable au compost). Il est constitué de bactéries excédentaires, matières organiques non dégradées et matières minéralisées. Après la séparation de phase, le digestat peut être solide ou liquide, et il est valorisable comme produit fertilisant.
Le prétraitement des intrants en méthanisation présente un intérêt car celui-ci aura un impact sur le biométhane ou le digestat issu de la méthanisation. En s’intéressant à la performance des méthaniseurs, et donc en agissant sur le potentiel méthanogène des intrants, il peut être possible d’augmenter la production d’énergie – ou biométhane. Par ailleurs, en anticipant la valorisation future du digestat comme fertilisant, il peut être possible d’agir sur les propriétés du digestat afin que son utilisation ex post soit meilleure. Enfin, il est également possible de diminuer la consommation énergétique des méthaniseurs grâce à l’identification de synergies.
Plus largement, les objectifs des prétraitements en méthanisation sont les suivants :
- Favoriser l'expression du potentiel méthanogène
- Introduire et/ou faciliter l'introduction des matières dans le méthaniseur
- Assurer l'hygiénisation (obligation règlementaire) de certains substrats tels que les sous-produits
- Concentrer les matières organiques dans les intrants
- Diminuer la viscosité du mélange et donc limiter les problématiques de pompage et réduire les coûts énergétiques de brassage
Une étude réalisée par l'association RECORD pour ses adhérents sur le stockage et les prétraitements des intrants avant alimentation des digesteurs de méthanisation a été menée en 2022. Des perspectives R&D (recherche et développement) ont été identifiées et huit propositions ont pu être établies.
C’est dans ce contexte que GRDF, qui a étudié ces propositions, lance le présent appel à projet dont les objectifs se déclinent en trois catégories.
Objectifs de l’appel à projets
Les candidats pourront proposer des solutions qui répondent aux besoins suivants :
- Soutenir les solutions innovantes
De nombreuses technologies de prétraitements des intrants en méthanisation existent aujourd’hui. Cependant, les retours d’expériences terrain nous montrent que celles-ci présentent encore des limites. Par ailleurs, l’estimation des ressources méthanisables à horizon 2030 nous suggère de préparer l’avenir et d’anticiper les solutions qui seront les plus à même de répondre aux besoins des producteurs. Ces solutions ne seront pas simplement le prolongement ou l’extension de technologies existantes mais auront une réelle volonté de s’inscrire dans la transition énergétique de demain – transition qui a déjà été initiée et qu’il nous faut dépasser.
- Soutenir les solutions pour le prétraitement des biodéchets
Les déchets des collectivités et des industriels représenteront environ 15% du potentiel énergétique en 2030. Ainsi, ce volet souhaite spécifiquement soutenir les enjeux innovants autour de l'hygiénisation et du déconditionnement des biodéchets.
Pour la brique hygiénisation, notre volonté est de détecter les solutions les moins énergivores possibles, les solutions qui vont permettre de réduire les coûts et celles qui seront capables de gérer un flux de biodéchets importants. Nous souhaitons également encourager une logique de bonne pratique, qui est nécessaire et vient en complémentarité du processus d’hygiénisation.
Pour la brique déconditionnement, notre volonté est également de détecter les solutions qui vont permettre de réduire les coûts, en plus de celles qui seront capables de gérer des flux plus petits ou intermédiaires, ceci afin de répondre au caractère diffus du gisement de biodéchets. En outre, il y a un enjeu d’améliorer l’efficacité des technologies de déconditionnement. Notamment, il est nécessaire d’anticiper les futures exigences à venir, en particulier sur les teneurs maximales en inertes et impuretés dans les matières organiques à valoriser issues du déconditionnement.
- Mesurer la performance des prétraitements
Bien que nous puissions évaluer les avantages et désavantages d’une technologie de prétraitements, nous n’avons pas d’indication claire et objective sur la mesure de la performance des prétraitements, et plus largement des technologies de prétraitements entre elles. Ainsi, nous souhaitons faire émerger des projets permettant de proposer des méthodes ou une instrumentation visant à mesurer la performance des prétraitements en méthanisation, en gardant à l’esprit que le gisement méthanisable est sensiblement voué à évoluer au cours des prochaines années.
Les attentes spécifiques liées à chacune de ces catégories sont détaillées dans le cahier des charges.
Critères de sélection
Adéquation avec le volet de l'appel à projets ciblé | Le porteur de projet s’inscrit dans le volet de l'appel à projets ciblé |
Facilité de réplication sur d'autres sites de méthanisation | La solution est réplicable sans adaptation particulière à des sites de méthanisation (en raison de la nature des intrants, du flux, du volume produit, etc.) |
Caractère innovant de la technologie de prétraitement proposée | Le modèle proposé innove et améliore les performances de tri et la qualité du flux collecté |
Pertinence économique de la solution et impact potentiel sur la baisse des coûts d'exploitation | Le modèle économique est viable et permet de réduire le coût de production du biométhane |
Intérêt de la solution vis-à-vis de la production de gaz vert | La solution améliore le potentiel méthanogène et/ou accroit le potentiel de valorisation en méthanisation |
Pertinence de l'écosystème d'acteurs mobilisés pour le projet |
Le projet contribue à accroître les liens entre acteurs de la filière biométhane |
Les appels à projets GRDF se veulent concis et efficaces. Une réponse synthétique est attendue de la part des candidats (10 pages maximum). Le jury appréciera la clarté de la réponse et la complétude du dossier. Par ailleurs, des précisions sur le poids des différents critères de sélection se trouvent dans le cahier des charges.
Lauréats de l'appel à projets
Les lauréats bénéficieront d’un accompagnement financier de GRDF dans la concrétisation de leur projet (voir précisions dans le cahier des charges).
Le jury pourra retenir jusqu'à quatre lauréats.
Si aucun projet ne répondait au cahier des charges, GRDF se réserve la possibilité de ne retenir aucun projet ou bien de relancer l’appel à projets ultérieurement.
Si suffisamment de projets répondent au cahier des charges, GRDF prévoit de retenir au moins 1 lauréat par volet dédié à l’AAP. En ce sens, il y aurait au moins un lauréat pour le volet concernant les solutions innovantes, un lauréat pour le volet concernant les solutions pour le prétraitement des biodéchets et un lauréat pour le volet concernant la mesure de la performance des prétraitements.
Enfin, GRDF pourra valoriser les lauréats en communicant auprès de la filière (newsletter, article sur le site Projet Méthanisation…), en fonction du niveau de confidentialité des projets portés par les candidats.
En savoir plus
Vous aimeriez répondre à cet appel à projets, et avez des questions particulières à ce sujet ? N'hésitez pas à nous contacter : tom.balteau@externe.grdf.fr